Dégustations Croisées

Trois décennies de Saint James

C’est un samedi comme on les aime. Une belle après-midi ensoleillée, des amis réunis dans le jardin, supportant le dernier match des diables dans cette coupe du monde qui sera célébré par un bon barbecue. Pour conclure cette superbe journée, un petit line-up s’imposait et nous retournons vers La Martinique pour faire un tour à Sainte-Marie et s’arrêter, le temps de quelques centilitres, chez Saint-James.

Saint-James Single Cask 1997-2012  VS Saint-James Single Cask 1997-2016

Saint James 1997
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On débute la dégustation avec un duel : dans le coin gauche, l’embouteillage de 2012 et sorti l’année passée pour célébrer les 20 ans de l’AOC. Déjà découvert ici, il fait 42,7% au garrot et l’on remercie encore Marc Sassier pour nous avoir envoyé un échantillon. Dans le coin droit, son frère aîné dépoté en 2016 au même degré.

Le plus jeune possède un nez où le boisé s’exprime clairement, les notes d’épices, de vanille, de chocolat, de cannelle et muscade viennent nous chatouiller les sinus. La bouche s’ouvre sur un boisé assez doux (presque sous-bois), les épices (vanille et muscade) restent présentes et des agrumes comme la mandarine ressortent. Son grand frère quant à lui opte pour un nez plus fruité. La vanille est bien présente mais c’est surtout la banane mure et les zestes d’oranges confits que l’on peut percevoir, enveloppé par un boisé qui se fait plus discret avec une pointe de cuir. En bouche, les agrumes ont évolué vers l’orange et le bois est davantage présent, il est plus structuré. La finale est aussi plus longue avec des notes de tabac blond.

Saint-James millésime 1987

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Pour poursuivre, point de second duel mais plutôt un voyage dans le passé. On va remonter le temps, trente et une année, pour découvrir ce jus de la fin des années 1980. Cette jolie demoiselle monte à 43% et est issue d’une décennie ou la production de rhum avait chuté.

Le nez fait ressortir, au delà d’un doux boisé, un mélange de poivre blanc et de fleur d’oranger. C’est assez gras et un coté marmelade y est décelé. En bouche, c’est un vrai plaisir. Doux sur la langue comme de l’orange confite, on y perçoit des fruits exotiques (de l’ananas) à travers un boisé perceptible mais parfaitement intégré. C’est beau, c’est bon, c’est rond et d’une belle longueur.

Saint-James 2008

Ce brut de fût sélectionné par Lucas Gargano et Marc Sassier pour célébrer les 70 ans de Vélier tape à 60,8%.

Saint James 2008

Cela sent les fruits exotiques, le poivre et dans les dernières strates, on retrouve un peu de sous-bois. Il laisse perplexe mais la bouche chamboule tout : malgré sa puissance, il est rond et gourmand avec des fruits exotiques (mélange de mangue et melon). Un peu de piment rehausse le tout et la finale est chaleureuse, un très bel équilibre et un réel bonheur. La finale est chaude, longue et sèche.

Moins souvent mise en avant que d’autres dans les communautés d’amateurs, cette distillerie propose des bien jolis produits et fait preuve d’une belle maîtrise de la canne.

Dégustations Croisées

Duel brut de futs : J. Bally 1998 vs J.Bally 1999

C’est l’été ! Youpie ! Il fait beau, les journées et soirées sont plus longues, les enfants sont en congé, c’est la coupe du monde (bon ok, pour cette partie on repassera 😉 ) mais … qu’est ce que ça peut être calme dans le monde rhumesque 😥

En effet, pas de salon, soirée dégustation ou autre événement organisé durant cette longue période estivale. Du coup, un jour, j’ouvre ma boite à sample afin de noyer tout ce chagrin dans un doux nectar et… que vois-je : une montagne de samples accumulés durant toute l’année auxquels je n’ai pas encore eu le temps de m’attaquer!

Ni une ni deux, cette période de vacances va se transformer en tasting estival afin de découvrir tout cela (ou redécouvrir pour certains) histoire de faire quelques line up intéressant en attendant la reprise en septembre.

Pour cette première séance : Duel des bruts de fût Bally 1998 et 1999

Bally 1998 vs 1999

Commençons par la robe, la 1998 est d’un beau cuivré bien brillant. Les jambes ne sont pas trop grasses et légèrement perlées. Pour le 1999, c’est totalement différent. On est sur un brun bien soutenu, on dirait presque du sirop de batterie ! Les jambes sont par contre assez similaires au 98.

Au nez le 1998 est boisé résineux, sur du cacao, un peu de végétal (fleur blanche) et on y retrouve une petite sucrosité. Le 1999 est plus sur le cacao, chocolat noir et d’épices.

Passons à la dégustation proprement dite. Le 1998 est boisé avec des notes de sous-bois, de piment et de poivre. C’est intense mais l’alcool est bien intégré. La finale est très longue, assez ronde dans un premier temps et puis s’assèche.
Le 1999 est plus léger en arôme, le boisé domine avec toujours ces notes de chocolat et une certaine amertume. La finale est plus saline et astringente que celle de son prédécesseur.

La différence de watts (59,1% pour le 1998 et 54% pour le 1999) ne se fait pas ressentir. Les deux produits sont très différents avec une préférence pour le 1998 qui me semble plus aromatique.

Notez que l’on a laissé une aération d’une demi-heure avant de les attaquer.

A bientôt pour une prochaine dégustation estivale 😉

Dégustations Croisées

Private Vintage en Terrasse

Nous revoilà pour une petite découverte belge qui clôture une agréable journée ensoleillée. Je vous plante le décor : sur la terrasse du jardin, entourés de charmants chants d’oiseaux, l’odeur des braises encore chaudes du barbecue, l’estomac bien rempli et le palais prêt pour une agréable dégustation en bonne compagnie.

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Après vous avoir planté le décor, place au produit : Un rhum (quoi ? vous en doutiez ?) Trois Rivières (oui on sait, c’est une de nos distilleries préférées) millésimé 2006 Private Vintage. Cette cuvée est une sélection faite par Best Whisky et limitée à +/- 100 bouteilles (je devrais avoir plus d’informations prochainement). A la manière du 2004 Private Vintage, cette cuvée n’est disponible qu’à un endroit : chez le sélectionneur ici en Belgique. Concernant le produit, nous sommes sur un rhum de près de 11ans (fût T-20) vieilli en fût de limousin ayant précédemment contenu du Cognac et titrant à 45%.

La robe est d’un beau doré avec des jambes moyennes et légères.

Le nez est extrêmement fruité, sur l’exotisme (banane, poire), chaleureux, pain d’épices avec un léger boisé. C’est très doux, rond et gourmand.

Le bouche est vive, très boisée ; le fût de cognac est bien perceptible. Cela contraste avec le nez. Les fruits ne se font pas ressentir aux premiers abords. Ensuite les épices se dévoilent avec de la muscade, du poivre et de la résine. Après aération (et donc oxydation), les fruits font leur apparition en fin de bouche, ce qui amène plus de gourmandise.

La finale est longue et sèche sur le boisé. Mais cette fois, cela porte plus sur le sapin avec une petite amertume.

En résumé, nous avons un rhum avec deux facettes bien distinctes : une au nez et l’autre en bouche. Les marqueurs typiques de la maison se retrouvent mais certains arômes (le fruité au nez et le boisé en bouche) ont été boostés. Sur certains aspects, il nous rappelle le millésime 1995 et cette gourmandise si bien maîtrisée.

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Triple navigation sur Trois Rivières

 

Dégustation croisée n°1

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Line-up :

Trois Rivières VSOP, Trois Rivières 5 ans et Trois Rivières 2006 Cask Strength

C’est un samedi soir du mois de novembre 2016 qui a vu notre idée d’un blog de dégustation passer du projet à la réalité. Notre première dégustation croisée nous emmène en Martinique, redécouvrir trois produits que nous connaissons déjà.

Trois Rivières VSOP

Matière Première : Vésou
Distillation : colonne créole
Titrage en alcool : 40°

Commençons par le VSOP, dont la robe ambrée brille dans le verre. Les jambes fines et légères descendent lentement sur le verre, promesse d’un rhum plutôt sec, sans graisse.

Au nez, on retrouve quelques épices avec la muscade en avant plan. Le boisé est présent, avec une touche de vanillé. On retrouve ces sensations en bouche, avec un alcool qui se fait légèrement sentir sur la langue mais qui est assez rond. Le poivre, la muscade avec semble-t-il des pointes de fruits secs (noix ?).

La finale est moyenne et le boisé l’assèche alors que s’envolent les dernières notes épicées.

Trois Rivières 5 ans

Matière Première : Vésou
Distillation : colonne créole
Titrage en alcool : 40°

Le 5 ans nous attend sagement. Il s’est paré d’une robe ambrée, comme son cadet, dont les reflets sont davantage cuivrés. Des jambes toujours fines, légères, qui collent légèrement au verre.

Le nez reste boisé et épicé, un tantinet plus doux que le VSOP (la vanille semble être un peu plus présente). En bouche, il est moins sur la sensation d’alcool que son petit frère, mieux équilibré avec des notes végétales au-delà du bois qui nous avait chatouillé les narines.

C’est d’ailleurs le boisé qui nous accompagne lors de la finale, plus longue mais toujours sèche.

Trois Rivières 2006 Cask Strength

Matière Première : Vésou
Distillation : colonne créole
Titrage en alcool : 55,6°
Particularité : Fût L23

Il est temps de se diriger vers le Cask Strength qui s’est aéré pendant les dix minutes précédentes. C’est un tout autre produit et la robe oscille entre le cuivre et l’acajou. Les jambes sont fines, presque perlées, et descendent avec lenteur, comme pour nous inviter à prendre notre temps pour le savourer.

Les épices, les agrumes et le caramel sont bien intégrés au boisé que l’on respire. On a un véritable bouquet olfactif qui nous pousse à le sentir plusieurs fois pour l’identifier, comme s’il préparait le terrain pour la suite. En bouche, l’alcool prend le pas pour une explosion de saveurs. Il est complexe, le boisé est toujours bien présent, comme un plateau sur lequel on découvre les épices, du caramel, quelques notes de café. Une pointe de cacao amer et de tabac poivré effleure nos papilles.

La finale est savoureuse, persistante. Sans être grasse, elle n’assèche pas la gorge mais permet de renforcer le nez quand on replonge nos narines dans notre verre. Il gagne à s’oxygéner un bon quart d’heure avant de le déguster.

En bref :

La maison 3 Rivières propose avec le VSOP et le 5 ans une belle entrée dans le monde des rhums martiniquais. Le rapport qualité/prix est indéniable, avec une légère préférence pour le 5 ans qui semblent être mieux achevé.

Le Cask Strength ne joue pas dans la même catégorie : il en impose avec ces 55,6° sans venir brûler le nez ou le palais. C’est un produit fini bien maîtrisé, qui permet de découvrir la « patte 3 Rivière » avec une dimension supplémentaire que ce que nous permettent les deux premières bouteilles.

 

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La Mauny entre dans la Confrérie (du Rhum)

Dégustation croisée n°2

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Line up :

La Mauny millésime 2005, septième* cuvée de la Confrérie du Rhum

 

Crédit Photo : Rhumporter

 

Matière Première : Vésou
Distillation : colonne créole
Titrage en alcool : 49,7°

 

C’est avec une grande joie que nous avons l’honneur de déguster en avant première la nouvelle cuvée de la confrérie du rhum, grâce à un petit échantillon gagné lors du concours de la Chandeleur.

Pour cette nouvelle cuvée, les administrateurs sont resté sur l’ile aux fleurs et leur choix s’est posé sur un rhum de la maison la Mauny, millésimé 2005, titrant à 49,7%. Il s’agit d’un 11 ans d’âge qui a été produit presque de manière confidentielle, avec 1 000 bouteilles.

 

Après s’être mis en jambes avec le VSOP de la gamme afin de se remémorer la ligne directrice de la maison, nous sommes passés à la dégustation à proprement parler.

La robe est cuivrée, grasse, avec les jambes fines et lourdes. On se retrouve avec un rhum à l’aspect huileux et un léger disque vert-de-gris se forme après une petite aération.

Le nez est intense et fait ressortir des fleurs blanches, du rancio et des épices (muscade). Le boisé humide (qui sera présent tout au long de la dégustation) fait également son apparition. On retrouve directement la patte du maître de chai Daniel Baudin (La Mauny et Trois Rivières). Avec plus d’aération, ce sont des notes de plus douces et subtiles de vanille et de canne qui font leur apparition.

La bouche est sèche et vive. Elle confirme le nez, avec une concentration d’arômes. Il n’est pas facile des tous les dissocier. Nous avons retrouvé le rancio et le bois humide qui ressortent du lot. L’alcool est bien intégré, soutenant les arômes.

La finale est moyennement longue sur le bois humide et tanique. La fin de bouche fait ressortir les épices déjà présentes au nez ainsi qu’une certaine amertume.

 

En bref :

Ce rhum est une belle découverte et sort des sentiers battusde la Maison La Mauny. Le boisé (souvent plus présent chez Trois Rivières), l’intensité et l’amertume de fin de bouche nous font découvrir d’autres pans de ce que peut nous proposer cette maison. On attend donc avec impatience d’autre produits de cette trempe (peut-être pour le quatrième joyau de la série).

Félicitations à Benoît et Jerry pour la sélection (encore une fois) parfaite et évidemment à Daniel Baudin pour son savoir-faire. Merci de nous avoir permis de découvrir en primeur cette nouvelle cuvée.

 

 

* le Ti-arrangé anniversaire ainsi que le Fleur de Canne vieux de Saint-James n’ont pas été comptabilisés comme cuvées, mais comme sélection (à notre connaissance).