Dégustations Croisées

Duel brut de futs : J. Bally 1998 vs J.Bally 1999

C’est l’été ! Youpie ! Il fait beau, les journées et soirées sont plus longues, les enfants sont en congé, c’est la coupe du monde (bon ok, pour cette partie on repassera 😉 ) mais … qu’est ce que ça peut être calme dans le monde rhumesque 😥

En effet, pas de salon, soirée dégustation ou autre événement organisé durant cette longue période estivale. Du coup, un jour, j’ouvre ma boite à sample afin de noyer tout ce chagrin dans un doux nectar et… que vois-je : une montagne de samples accumulés durant toute l’année auxquels je n’ai pas encore eu le temps de m’attaquer!

Ni une ni deux, cette période de vacances va se transformer en tasting estival afin de découvrir tout cela (ou redécouvrir pour certains) histoire de faire quelques line up intéressant en attendant la reprise en septembre.

Pour cette première séance : Duel des bruts de fût Bally 1998 et 1999

Bally 1998 vs 1999

Commençons par la robe, la 1998 est d’un beau cuivré bien brillant. Les jambes ne sont pas trop grasses et légèrement perlées. Pour le 1999, c’est totalement différent. On est sur un brun bien soutenu, on dirait presque du sirop de batterie ! Les jambes sont par contre assez similaires au 98.

Au nez le 1998 est boisé résineux, sur du cacao, un peu de végétal (fleur blanche) et on y retrouve une petite sucrosité. Le 1999 est plus sur le cacao, chocolat noir et d’épices.

Passons à la dégustation proprement dite. Le 1998 est boisé avec des notes de sous-bois, de piment et de poivre. C’est intense mais l’alcool est bien intégré. La finale est très longue, assez ronde dans un premier temps et puis s’assèche.
Le 1999 est plus léger en arôme, le boisé domine avec toujours ces notes de chocolat et une certaine amertume. La finale est plus saline et astringente que celle de son prédécesseur.

La différence de watts (59,1% pour le 1998 et 54% pour le 1999) ne se fait pas ressentir. Les deux produits sont très différents avec une préférence pour le 1998 qui me semble plus aromatique.

Notez que l’on a laissé une aération d’une demi-heure avant de les attaquer.

A bientôt pour une prochaine dégustation estivale 😉

Événements

Rhum Fest 2018

RFP2018-min

Comme à l’habitude voici un retour concis sur la grande messe du rhum: Le Rhum Fest Paris. A la différence des autres années, aléa du calendrier et heureux événement personnel à venir, l’expérience ne se fera que sur une unique journée pour cette édition (et je suis déjà super heureux d’avoir pu y aller, ce n’était pas gagné de prime abord !). Une journée c’est court, le mot d’ordre fut donc : cap sur les nouveautés !

Malgré le nombre conséquent de produits dégustés, j’ai voulu être un peu plus complet que « j’aime/j’aime pas ». Néanmoins le palais étant de plus en plus anesthésié et le temps me manquant cruellement, les notes sont loin d’être précises et exhaustives. Je me suis donc limité aux principaux marqueurs qui me sont apparus. Comme pour toutes les autres notes, celles-ci ne sont que mon avis personnel 😉

Arrivé bien en avance afin d’éviter le souci de la file d’attente de la veille, je me retrouve le premier à pénétrer le lieu saint : les pavillons de dégustations ! Etant un peu déboussolé par cet espace vide qui s’ouvre à moi, je me dirige machinalement vers mes marques de prédilection afin d’avoir le temps de saluer tous ces grands noms du paysage rhumier avant que la foule n’arrive.

 

La Mauny / Trois Rivières

Commençons par le stand La Mauny et Trois Rivières sur lequel je retrouve Daniel Baudin. Après quelques mots et certains remerciements pour service rendu, nous débutons (surtout moi) les dégustations.

La Mauny VSOP (nouvelle facture) : Le nez est fruité (abricot) le boisé est discret. La bouche est ronde et bien équilibrée, le fruit ressort bien. Un très beau produit très fin (bien plus à mon goût que l’ancienne édition).

Trois Rivières Triple Millésime 1999-2000-2009 : Le nez est plus boisé que l’ancienne version, la bouche plus structurée, intense avec de notes de poivre. Toujours aussi intéressant même si différente de la précédente version.

Trois Rivières 2004 : Nous retrouvons les marqueurs typiques de la maison, les épices sont assez présentes. Un boisé plus discret.

 

Saint James

On passe en face pour se rendre chez St James avec le désormais habituel Stephen Martin toujours aussi passionné et passionnant.

St James XO : même si ce n’est pas une nouveauté, je n’ai jamais eu l’occasion de le déguster ; manquement maintenant résolu. Le nez est plutôt doux et rond. La bouche est gourmande et sur les épices. Un très bon rapport q/p. Je le classerais en entrée de gamme coté doux chez St James.

St James 2001 : Plus boisé, un peu d’amertume. Il s’ouvre bien avec l’oxygénation. Assez sec et boisé en bouche, la finale est malheureusement assez sèche et pas très longue. Je pense lui préférer son petit frère le 2000.

St James XO 2001

Le Single Cask 1997-2016 fera partie d’une prochaine comparaison avec son petit frère embouteillé en 2012 lors d’un futur post.

 

HSE

Restons en Martinique avec une des maisons les plus innovantes : HSE. Les salutations avec Cyril Lawson faites, nous commençons les découvertes.

HSE Blanc Parcellaire 2016 Canne Rouge :  Un rhum blanc à laisser s’ouvrir. Le nez est végétal, sur la canne et les fruits à chair blanche. La bouche est assez douce et sucrée, ronde et gourmande, épices orientales et une pointe d’agrumes. La finale est plus forale et sur de l’eucalyptus. Une belle innovation.

HSE XO Sélection Ducasse : enfin le temps pour moi de découvrir cette licorne. Le nez est rond et compoté, très fruité (marmelade d’orange). La bouche est premièrement légèrement fumée avec une légère astringence. Elle évolue pour devenir plus ronde et gourmande, on retrouve le coté fruits cuits dans un bel équilibre avec un boisé noble (bois de santal). Par la suite le boisé se mélange au piment et à l’écorce d’orange. Vraiment une très belle réussite, dommage qu’il soit quasiment impossible de mettre la main une bouteille.

Petit détour par JM où seul le 2005 m’était inconnu, Celui-ci est assez sec et astringent, plus rude et boisé que son prédécesseur le 2004 qui m’avait agréablement surpris.

Neisson

Arrivée chez Neisson où les bio sont de sortie ! Connaissant déjà l’Esprit bio, je me penche sur les 52,5% (les 2 versions étant présentes, c’est le moment de les comparer).

Au nez le bio est sur le fruit rouge alors que sa version standard est plus sur la canne fraîche. La bouche du bio est gourmande et plus sèche alors que l’original est plus floral. Difficile de choisir un préféré ; c‘est le prix qui fera pencher la balance en faveur de la version non bio.

Neisson 52,5% Bio

 

 

A1710

On passe chez A1710, où je n’ai pas reconnu Grégory Duval (désolé de ne pas t’avoir salué). Je m’intéresse principalement aux blancs. Après m’être remis en selle avec la Perle je commence les nouveautés :

La Perle Bio B59-566 (canne bleue) : Le nez est minéral et prometteur. En bouche c’est rond et doux avec des notes de poivre Sichuan. Une belle découverte.

La Perle Bio R579 (canne rouge) : celui-ci est plus monolithique, moins doux, plus astringent, il me sied moins.

Renaissance : On y retrouve plus le coté terreux et iodé qui me rappelle les anciennes cuvées.

La Favorite

Continuons notre tour de la Martinique avec La Favorite où je retrouve Franck et Emmanuelle. Après un accueil très chaleureux, on me sert le premier breuvage.

La Favorite 2009 Brut de Fût : Au nez assez boisé, sur la réglisse. La bouche est d’un beau boisé avec beaucoup d’épices (notamment du poivre). La finale revient sur la réglisse. Il m’a bien plus même si assez porté sur les épices.

La Favorite 2011 (en test) : Même essai que l’année précédente, c’est Emmanuelle qui a cette fois soutiré un échantillon de 3 fûts du millésime 2011 juste pour la famille de la Canne 2.0 . Le nez est enchanteur, doux, sur de la cire d’abeille et les fruits blancs. La bouche ne tient malheureusement pas ses promesses, trop acide, boisée et pas vraiment équilibrée. Dommage car le nez est vraiment très charmeur mais cela n’est qu’un rapide croquis ; on peut être certain que le produit final corrigera ces défauts.

 

Depaz

Terminons la dernière distillerie visitée de la Martinique : Depaz. C’est Benoit Bail qui nous régale cette année.

Depaz 2000 Brut de Fût : premier bdf pour Depaz. Le nez est compoté, sur les fruits rouges bien mûrs, des fruits sec (amande), assez pâtissier. La bouche est vive est boisée, bien structuré avec un peu d’amertume, du chocolat noir et de la boite à cigare. La finale est longue et fine.

Depaz 2000 bdf

 

 

Longueteau

Changement d’île mais toujours sur le vesou : La Guadeloupe. Commençons le périple avec Longueteau. Après avoir salué François, il me fait découvrir sa nouvelle gamme « Harmonie ».

Longueteau Symphonie : Le nez est sur le fruit à coque, légèrement boisé, un peu fruité. La bouche est ronde et douce. Je tablerai sur un ancien VS un peu plus âgé et complexe.

Longueteau Concerto : Le nez n’est pas trop boisé, bien fruité. En bouche on retrouve certains marqueurs de la précédente cuvée, c’est bien équilibré avec des notes empyreumatiques et un boisé plus présent. La finale est longue et posée.

Longueteau Prélude : terminons sur le plus jeune des 3. Le nez est sur la canne, un boisé assez fougueux. La bouche a une attaque vive, un boisé sec, pas trop fruité. Je ne peux m’empêcher de retrouver dans cette cuvée un semblent d’idée d’un certain profil de chez Neisson avec un rapport q/p intéressant.

Longueteau Harmonie

Damoiseau

Seconde Distillerie visitée de l’île : Damoiseau. On retrouve notre chère Clémentine toujours aussi souriante. Elle me propose ses quelques nouveautés :

Damoiseau 2007 : Petit frère des millésime 2008 et 2009, ce 2007 est vanillé et assez rond au nez. La bouche est fraîche, douce et légèrement épicée. Le TAV assez faible me laisse un peu sur ma faim. Ma préférence reste toujours le 2008 Subprime.

Damoiseau Concordia : C’est doux et rond, le bourbon donne de la gourmandise et en fait un rhum accessible en restant bien structuré. (PS : courage pour l’attaque du marché italien avec le nom de cette cuvée, Clémentine 😉 )

Damoiseau Statera : Plus boisé et plus sec que la cuvée précédente, on retrouve plus des notes de fruits confits et de noix.

Damoiseau Concordia Statera

Notez que ces 3 nouvelles cuvées sont des blends mélasse/vesou.

Après une rapide discussion avec notre chère Cat Arnold des Rhum Toucan et redégustation de son très abouti N4, je me mets en route vers l’île de la Réunion.

 

Savanna

Commençons par une distillerie qui me tiens fort à cœur : Savanna. Après les retrouvailles avec Noëlle et la rencontre avec Cécile, je me lance sur la nouveauté du salon: le blanc créol (agricole) 52%

Blanc 52% : Le nez est floral et végétal (on pourrait trouver certaines similitudes avec un clairin). La bouche est douce, légèrement lourde, des notes d’oranges et une légère note saline apparaît. La finale est longue est persistante. Une chouette première dans la grande cour des rhums blanc agricole.

Savanna Créol 52%

 

 

Rivière du Mât

Passons à la seconde distillerie dégustée de l’île : Rivière du mat. Connaissant une bonne partie de la gamme proposée, je m’arrête sur une quille inconnue :

Rivière du Mat 2003 Single cask : Le nez est pâtissier, sur les fruits murs et très gourmand. La bouche est boisée et vanillée avec un bel équilibre. Une finale longue et douce. Vraiment sympa mais impossible de retrouver les informations de cette bouteille sur le web (si quelqu’un en a je suis preneur !) .

Riviere Du Mat 2003 SC

 

 

Fousquare/Velier

Fin de la partie agricole (qui aura été 75% de ma journée), place à la mélasse. Débutons avec une grande distillerie : Foursquare (où j’ai eu la chance d’avoir les dernières gouttes des différentes cuvées)

Foursquare Premise : C’est doux, on ressent bien le sherry. La finale fait apparaître une légère astringence.

Foursquare Dominus : plus complexe que le précédent, fruité avec un bel équilibre. Un produit très sympa.

Foursquare 2005 : petit frère du 2004, on retrouve un boisé et une amertume, c’est complexe et demande un temps d’aération. Il a une bonne longueur.

Foursquare Premise Dominus 2005

Foursquare Principia : C’est doux et rond, gourmand. Pour le classer, je le placerai entre le 2006 et le Triptych.

Restons chez Velier avec 2 nouvelles références :

HV Last Ward 2009 : Le nez est légèrement fruité, avec un léger boisé. La bouche reste sur le boisé avec un équilibre pas toujours à mon goût. De mes souvenirs, je lui préférais le 2007. Un face à face est à prévoir.

Clairin Valval fût de Caroni : On retrouve la minéralité du Vaval, l’influence du fût est assez (trop ?) discrète, pas de marqueurs de Caroni. Je l’aurais aimé un peu plus marqué.

Foursquare Principa HW Last Ward 2009

 

 

Excellence Rhum

Passons à un autre embouteilleur indépendant : Excellence Rhum où Alexandre nous propose, cette année encore, 4 nouvelles sélections.

ER Foursquare : c’est rond, gourmand et assez complexe, comme on les aime chez Foursquare.

ER Fiji : Assez vif, une palette aromatique différente de ce que l’on connait sur Fiji. Il faudrait que j’y retourne.

ER Port Mourant : Un boisé bien intégré, de la vanille et un bel équilibre pour un Port Mourant.

ER Worthy Park : C’est rond, et doux. Le boisé est léger. Un Jamaïcain avec une belle typicité.

Excellence Rhum

 

 

Compagnie des Indes

Avançons maintenant de quelques mettre pour rejoindre cette fois Florent, le capitaine de la Compagnie des Indes.

CDI Fiji : Le nez est minéral et sur les fruits murs. La bouche est ronde et équilibrée. Agréable et plus dans l’univers Fiji que celui d’ER.

CDI Jamaïque Clarendon : Le nez est boisé, vif avec les marqueurs de la Jamaïque. La bouche est assez douce et bien ample. De mémoire j’ai une préférence pour l’ancien New Yarmouth.

CDI Venezuela (version à 58%) : c’est intense, avec des notes d’iode et de mélasse, le boisée est rond et pas piquant. Un rhum déroutant et intéressant.

 

 

Plantation

J’arrive tout doucement vers la fin de mon périple avec la maison Ferrant et ses célèbres Plantations. Cette année ce sont deux petites nouveautés de la gamme standard et deux avant premières gentiment dévoilées de derrière les fagots.

Plantation Péru : c’est rond, pas trop doux, bien ficelé mais malheureusement pas vraiment à mon goût.

Plantation Fiji : après le très bon extrême, j’attendais avec impatience cette version plus commune. Il n’est pas trop doux, avec une belle typicité. Des notes de fruits assez présent. Bien agréable.

Extrême N3 Jamaïque (Long Pond) HTC : Le nez est équilibré et agréable. La bouche est intense avec une belle complexité. Un très bon jamaïcain.

Extrême N3 Jamaïque (Long Pond) ITP : Plus boisé que son prédécesseur, des notes de tabac plus intenses et une finale plus longue. Une superbe surprise.

Plantation Extreme N3 Long POnd

 

L’Esprit

Place au dernier embouteilleur indépendant de la journée : L’Esprit qui nous propose 5 nouvelles sélections.

Blanc Martinique : Le nez est poivré et floral. La bouche est vive est se développe vers des notes poivrées. La finale est plutôt courte. Après pas mal de discussions on serait sur un distillat de la Favorite.

Esprit Jamaican : Au nez c’est gourmand, fruité. En bouche on retrouve des épices (cannelle) et des fruits mûrs.

Esprit Beenleigh : Le nez fait penser à un Foursquare avec un coté rond et gourmand. La bouche est d’un boisé fin avec des fruits confits et un bel équilibre. Un rhum de très bonne facture.

L'Esprit Beenleigh

PS : Les blanc Port Mourant et South Pacific ont été testé mais trop rude pour ma part, pas facile de s’y délecter et je ne sais toujours pas comment déguster correctement ces rhums (dilué, mixo, …).

En Conclusion

Fin de cette édition pour ma part, vraiment heureux d’avoir pu y participer. Quelques stands me sont passés sous le nez (Reimonenq, Bologne, Bielle) : on s’y attardera l’année prochaine. Des rencontres toujours enrichissantes même si très rapides cette année. Un peu de regret de n’avoir pas pu prendre plus mon temps pour partager avec les exposants et autres amis du rhum mais ce n’est que partie remise 😉

 

PS: Merci à Seb Seb pour les photos qui me manquaient

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du Rhum – Neisson

Nous voilà partis pour l’une des soirées des plus attendues pour certains et surtout pour l’organisateur :D, la soirée dédiée à Neisson. Alors pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Neisson est l’une des dernières distilleries familiales de la Martinique avec une des plus petites capacités de production (avec La Favorite) et est la première à passer au rhum Bio.

Neisson Line UP

Après le traditionnel planteur (au Neisson 55% cette fois), nous démarrons ce line up très prometteur.

Neisson Blanc 52,5Le Rhum par Neisson – 52,5%

Comme d’habitude, c’est un blanc qui ouvre le bal. Ici, le fer de lance pour les ti-punch local : Le Rhum par Neisson 52,5%. Le nez est végétal, avec du zeste de citron vert, assez minéral (forêt humide) et évidemment de la canne fraîche. On nage en plein dans le champ de canne. La bouche est sur les agrumes, le poivre et l’anis. En Ti-punch, la canne à sucre fait son apparition et tout ces arômes se retrouvent exaltés. Le verre vide laisse réellement place à ce côté alcalin que l’on avait ressenti au nez.

Neisson Profil 105

Neisson Profil 105 – 54,2%

Après cette belle mise en bouche, nous commençons la gamme des rhums mis en vieillissement avec une révélation de l’année 2016 : le Profil 105. Ce rhum, vieilli pendant 20 mois dans des fûts presque neufs (un premier remplissage rapide afin de préparer le fût), conçus avec des douelles de chêne français et américains en alternance, le tout chauffé avec un profil de chauffe moyen (qui porte le numéro 105 pour ceux qui suivent). Il est assez rare que l’on nous propose des rhums élevés-sous-bois (ESB) dans ces soirées mais nous pensons que l’assemblée a été conquise. Des fruits secs, de l’orange, de la vanille, des notes beurrées et empyreumatiques (moka, pain grillé), voilà pour le nez. En bouche les agrumes et le léger boisé (café-moka) donnent un très bon équilibre pour ce rhum très jeune et plein de vivacité (54,2% on vous rappelle).

 

Neisson VieuxLe Rhum Vieux par Neisson – 45%

Ce rhum est une nouveauté, issu de la refonte de la gamme pour les 85 ans de la distillerie. Il est composé de 70% de rhum de 3 ans d’âge (minimum requis pour l’appellation vieux) et 30% de 9 ans d’âge. Au nez, le premier humage est sur le solvant et avec de l’aération on y retrouve de la frangipane, du boisé bien intégré et des notes miellées et une pincée de poivre blanc. La bouche est au premier abord vive sur l’alcool, ensuite les fruits sec (amandes) et la vanille font leur apparition. La mie de pain vient clôturer le bal très équilibré. Un peu léger en bouche mais vraiment bien fait.

 

Neisson 2012 SCNeisson 2012 Single Cask – 49,2%

Premier millésimé de la soirée : 2012 Single Cask embouteillé pour la maison du Rhum, seul rhum du line-up à ne pas avoir revêtu les traditionnelles Zepol Karé. Un rhum relativement jeune (4 ans) et brut de fût, sorti à 250 exemplaires pour le salon de Spa 2017 (il y a encore possibilité de trouver une bouteille qui traîne chez un caviste belge si vous ne traînez pas). Le nez est porté par du beurre, du poivre, du pamplemousse avec un tout floral et plutôt fin. En bouche, on ressent directement le brut de fût (à la manière du profil 105), les fruits secs (noisette), le cuir et le coté floral sont par la suite bien présent. Le tout est bien rond et se marie bien. La finale est plus portée sur le boisé-grillé.

 

Neisson XOLe Rhum XO par Neisson – 48,5%

Second rhum ayant subi la refonte pour les 85 ans : le XO, un assemblage de rhum de 9 à 12 ans (bien plus que les 6 règlementaires). Le nez est très charmeur, sur le cuir, le cacao, la noix, le boisé (sapin) et le café. En bouche, le boisé fait son apparition avec des notes de fruits (blancs et exotiques) en plus des notes retrouvées au nez. L’ensemble forme toujours un superbe équilibre et cette fois une finale bien longue et persistante.

Neisson 12ansNeisson 12 ans – 52,7%

Dernier rhum vieux de la soirée : le 12 ans d’âge, ou millésime 2004 batch 3 pour les puristes ! Le nez est sur les fruits confits, le cacao amer, le cuir et des épices (piment, gingembre). La bouche offre une large palette aromatique onctueuse avec boisé bien fondu, toujours les fruits confits et une note fraîche. La finale est fine et sèche.

 

 

L’Esprit et L’Esprit Bio – 70% et 66%

Petite exception lors de cette soirée, nous allons terminer le tour de la distillerie par du rhum blanc. Non pas une mais deux références dont voici les concurrents : sur notre gauche, l’Esprit de Neisson, un rhum exclusivement canne bleue, (presque) brut de colonne titrant à 70% crée pour les 70 ans de la distillerie (il est rectifié pour être précisément à 70%). À droite, son petit frère : l’Esprit BIO, nouveauté de 2017, exclusivement en canne (bleue ?) entièrement issu de l’agriculture biologie, un label très difficile à obtenir, titrant à 66%. De quoi faire un beau match !

Au nez les deux sont sur de la canne fraîche (normal jusque-là !), l’esprit est plutôt minéral (terre humide), floral et notes de truffes alors que le BIO est plus sur l’agrume (citron) et offre une plus grand amplitude aromatique. En bouche, il faut y aller doucement car les watts sont bien présents. L’esprit est bien minéral (terreux) et sur la truffe. Le BIO est légèrement sucré et toujours cette note d’agrume. Personnellement, c’est le BIO qui m’a le plus séduit et il se suffit tout seul en ti-punch !

Neisson Line UP

Conclusion

Nous avons eu la chance de découvrir (ou redécouvrir pour certains) cette petite distillerie avec de superbes produits. La qualité est toujours présente et rares sont les fausses notes. Les vieux ont un équilibre impressionnant, un vrai travail d’artiste. Malheureusement, la perfection a un prix… On ne peut d’ailleurs que tirer notre chapeau à notre hôte qui, pour un prix très démocratique, a pu proposer un bel éventail de cette distillerie de La Martinique.

À bientôt pour une prochaine soirée 😉

 

Crédit photos : Michaël Muller

Dégustations de Spiritom, Rhums à l'honneur

Diamond & Versailles 1996

C’est en cette période de Noël que le Belgium Rhum Club a tenu à faire partager une partie d’histoire du rhum :

Tout ce qui va suivre a été rendu possible grâce aux démarches de Cyril Weglarz, Vincent Dufrane et Luca Gargano. En effet, ce dernier ne voulant pas que sa dernière référence DDL ne soit spéculée comme le reste de ses embouteillages Demarara sur le second marché, il a préféré ne la proposer en dégustation que lors de masterclass plutôt que de les mettre en vente normalement comme le reste de la gamme.
Mais après quelques années (pour les 70ans de la maison Velier), il a envie d’en faire profiter ses amateurs passionnés. C’est là que lui vient l’idée de ne les vendre qu’à différents clubs de dégustations ou amateurs chevronnés (à raison d’une bouteille maximum par client). C’est grâce aux démarches de Cyril Weglarz que notre ami Vincent a donc pu se procurer une bouteille de ce précieux breuvage et ce afin de le partager avec vous. Voilà pour la petite histoire de la bouteille.

Diamond & Versailles 1996

Passons maintenant à son contenu : un rum de Demarara Distillers Limited, blend de 2 alambics : un Coffey Still en métal (le Diamond S) et un pot Still en bois (le Versailles VSG) distillé en 1996 et assemblé avant la mise en fût. Dépotage des 2 uniques fûts créés en 2014. Durant ces 18 années, les anges ont « affoné » (oui, c’est vraiment le terme) plus 78% du précieux nectar ; ne permettant de sortir que 570 bouteilles au final, le tout en brut de fût à 57,9%.

Voici maintenant notre petite note de dégustation :

La robe est sombre et assez mate avec des reflets acajous.

Au nez, on retrouve le côté lourd du Demerara avec du café, les fruits blancs murs sont bien présents, des notes empyreumatiques toastées, du poivre blanc et de la cannelle. L’alcool ne se fait pas sentir du tout et le tout est vraiment bien équilibré. Avec de l’aération, le café laisse de la place à un boisé fin qui se marie à la perfection avec les notes de fruits.

La bouche est puissante (gardez en mémoire qu’il fait 57,9%), grasse et plutôt ronde. Les fruits rouges cette fois sont bien présents. Ceux-ci avec le léger boisé, des notes grillées, de mélasse et acidulées forment un tout bien équilibré. La fin de bouche évolue sur des notes plus sèches avec de la réglisse.

La finale est bien longue et persistante comme sur ce genre de produit avec de l’orange et une petite pointe de piment qui vous donne envie de retremper vos lèvres dans le verre …. Mais malheureusement, il est déjà vide 😥

Diamond & Versailles 1996

L’ensemble de la bouteille n’étant pas parti (oui, on a été sage, il reste quelques cl), le reste vous sera proposé en split par Vincent sur la page du BRC et ce au prix d’achat !

Stay tuned et joyeuses fêtes !

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du Rhum – Bielle et Libération

Un mois s’est écoulé depuis la soirée jamaïcaine et nous voilà déjà pour la dernière soirée de l’année. Ce coup-ci, nous nous envolons sur l’île aux cents moulins et plus précisément dans les chais de l’habitation Bielle pour un petit duel entre la maison mère et l’annexe : j’ai nommé Rhum Rhum.

MarieGalante Line Up

Rhum Rhum (ou PMG pour Pur Marie-Galante) est un projet audacieux né de la collaboration en 2006 de Bielle, Luca Gargano et son ami Gianni Capovilla. L’idée est de créer un pur single agricole rhum. Les cannes sont donc les mêmes que celles de chez Bielle mais la fermentation se fait sur 7 à 9 jours (contre 48h pour Bielle) et le vin est distillé dans 2 alambics à repasse de type Muller (contre 3 colonnes Savalle chez Bielle). Pour le vieillissement, Bielle utilise principalement des fûts ex-bourbon alors que Rhum Rhum utilise des anciens fûts de Sauternes (Château d’Yquem), d’où la mention bois noble sur les étiquettes. Voilà pour la partie plus technique !

Passons à la partie dégustation avec, comme à l’habitude, 1 rhum blanc et 6 rhum vieux.

Rhum Rhum 56%Rhum Rhum PMG – 56%

Comme rhum blanc le choix s’est porté sur le Rhum Rhum blanc 56%. Le nez est iodé, végétal avec du poivre, légèrement « rocailleux ». La bouche est assez sèche et intense avec des fruits rouges. C’est en ti-punch qu’il se dévoile le plus avec une palette aromatique plus ample et plus parfumée.

Bielle 2006 – 42%Bielle 2006

Nous commençons les vieux est ce millésime 2006 titrant à 42% et âgé de 5 ans. Le nez est rond et fruité. On retrouve de l’amande et un léger côté vineux. Ensuite, c’est la fleur fraîche, le cacao et une pointe d’orange qui apparaissent.

Le côté pâtissier s’impose : très rond, chaleureux et gourmand, avec des fruits à chair blanche. La longueur par contre est un peu décevante.

Liberation 2012

Libération 2012 – 45%

Premier des trois libérations proposés pour la soirée, il est distillé en 2007 pour être embouteillé en 2012, soit 5 ans. Nous sommes donc sur le même âge (et à un millésime prêt) que la dégustation précédente. Le nez fait ressortir le Sauternes. C’est très rond, sur les fruits cuits (la poire) et un léger boisé. Avec de l’aération, c’est la poudre à canon qui s’impose : on se croirait en pleine canonnade d’un galion sur la mer des Antilles.

Les fruits confits sont vraiment présents, portés par une pointe de piment. Le boisé se fait sentir lui aussi, on perçoit même de la réglisse, comme si on avait un de ces bâtons dans la bouche.

Libération 2015 – 45%Liberation 2015

Cuvée 2015 avec un distillat de 2010 soit le même âge que la cuvée précédente. Au nez, le boisé se fait plus présent ainsi que les fruits exotiques. On peut y percevoir du sucre fondu qui fait penser à de la compotée de pomme.

En bouche, on est sur les fruits jaunes, dominés par la banane. Une belle longueur qui laisse en fin de bouche une sensation de caramel fondu qu’on avait deviné au nez.

 

Liberation 2017Libération 2017 Intégrale – 58,4%

Dernière de la soirée chez les Rhum Rhum, le Libération 2017 avec le même distillat que le 2015 (avec 2 ans de plus si vous avez suivi) mais en brut de fût cette fois. Le nez fait ressortir des fruits compotés, du vernis et on retrouve de la poudre à canon.

La bouche est explosive (on a du mettre le feu à la poudre, sans doute). Cette première bouche est rude, mais une fois cette explosion passée, on retrouve les fruits compotés et la canelle du nez, exacerbés par du piment.

Bielle 2008 40ème anniversaire – 53,4%Bielle 2008

Nous retournons chez Bielle avec ce millésime 2008 sorti pour les 40ans de la distillerie en brut de fût. Le nez fait ressortir des fruits blancs (melon Charentais qu’on a laissé prendre le soleil sur la plage arrière de la voiture en remontant du Sud) et agrumes (zeste de citron vert).

La bouche est toujours sur le fruit, avec des notes cacao. Assez complexe, elle demande de l’ouverture pour laisser apparaître des notes d’orangettes. Une bouche vraiment ronde et savoureuse.

Bielle 2007Bielle 2007 – 57,3%

Dernière référence de ce line up le brut de fût 2007 soutiré en 2014. Le nez est fruité sur la poire et la pêche, un léger boisé et un peu de toasté pour un tout bien équilibré. La bouche est plus explosive, l’alcool s’en ressent et les arômes reste toujours sur les fruits (orange-pamplemousse) avec des notes plus torréfiées. En finale ce sont des fruits cuits et du cacao qui se marient parfaitement.

 

 

Cette confrontation Bielle – Rhum Rhum était très intéressante. D’un côté un Bielle plus fruité et équilibré et de l’autre une extravagance bien différente des autres rhums agricoles avec des arômes bien trempés (boisé, poudre à canon). Hâte de pouvoir découvrir le prochain Rhum Rhum 2007 qui aura lui 10ans de vieillissement.

MarieGalante_ Line UP

En cette période de fêtes c’est avec une grande joie que le Belgium Rhum Club avait prévu une petite surprise pour les participants Pour les curieux, ça se passe par ici

Passez de bonne fêtes de fin d’année, on se retrouve en janvier pour un tour d’une grande maison martiniquaise familiale qui vient de fêter ses 85 printemps.

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du Rhum – La Jamaïque!

C’est dans une ambiance décontractée sur fond de reggae mais sans les dreadlocks que nous nous retrouvons pour une nouvelle soirée dégustation des amis des amis du rhum autour d’un thème des plus alléchants : découverte des rums de la Jamaïque !

L’apéro donne directement le ton : le planteur habituel est remplacé pour l’occasion par un cocktail jamaïcain à base de Wray & Nephew overproof (63% d’ABV, ça annonce le niveau de la soirée) et de Ginger Beer fait maison -la recette est au bas de l’article pour les cuistots en herbe- avec quelques gouttes d’Angostura Bitter et/ou de sirop de gingembre.

Après cette mise en bouche, place au line up. Pour cette soirée jamaïcaine, notre hôte nous a fait voyager autour de cinq distilleries de l’île (qui en compte actuellement six) tout cela dans un ordre bien étudié pour correctement bombarder nos papilles d’esters.

 

Habitation Velier Forsyths WP 502

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Commençons avec l’Habitation Velier Forsyths WP 502 de la distillerie Worthy Park. Ce pure single rum signé Luca Gargano titre à 57% avec 502g d’ester. Le nez est très basé sur le solvant, les fruits frais (ananas), l’olive verte et le pain grillé. La bouche est lourde avec des fruits rouges mûrs et le foin qui se démarquent. La finale revient sur l’olive avec un côté salin. En ti-punch, le côté fruité de l’ananas ressort d’autant plus avec une gourmandise assez marquée.

 

Appleton 21 ans

Appleton 21

Après s’être sustentés, nous continuons notre tour de l’île avec la distillerie la plus connue: Appleton Estate.

Ce rum est un assemblage de distillats âgés entre 21 et 30 ans et titrant à 43%. Il est vraiment très ron(d), sur la vanille et légèrement sur les fruits à coque. La bouche est assez courte et sèche, toujours sur la vanille. Le verre vide fait ressortir des arômes de muscade. Il est assez déroutant pour un rum de la Jamaïque et je suis sûr qu’à l’aveugle j’aurais parié sur un ron.

 

Kill Devil Monymusk 2003

Kill Devil Jamaica 12ans

Cette version Monymusk (distillerie de Clarendon) de cette récente marque -embouteilleur écossais- est réduite à 46% et âgée de 12 ans. Le nez est très herbacé, avec de la fleur blanche (presque de l’ortie blanche un soir de pleine lune … , spéciale dédicace à Roger ^^) et tout en finesse ; il n’attaque pas les naseaux avec des esters plein la vue mais est bien frais, sage et bien ficelé ; cela me plait bien. La bouche reste sur le côté floral avec des notes de céréales et une finale longue et légère apportant une note d’amertume, de sucre brûlé.

 

Duncan Taylor Long Pond 2000

Duncan Taylor Jamaica 2000

Distillerie suivante et nouvel embouteilleur indépendant : Duncan Taylor. Le nez est sur le cuir, l’anis, un peu de mangue et de la Cranberry séchée. J’y retrouve également comme un vieillissement en fût de cognac et une note légèrement terreuse. En bouche, ce sont les notes de cuir et de réglisse qui prédominent avant de se terminer sur des arômes assez doux et équilibrés avec une apparition de fruits rouges.

 

Habitation Velier Forsyths 2006 <WPM>

Habitation Velier Forsyths 2006 WPM

Nous revenons chez Velier pour la version vieillie du premier rum. Cette version est âgée de 11 ans et titre à 58% pour un taux d’ester de 209gr/hlap. Le nez s’ouvre sur des notes de vernis, de fruits cuits, la banane (la peau ou flambée, selon votre convenance), des fruits à coque et toujours une petite note iodée. Au palais, le cuir se fait sentir, le bois noble (santal ?) et des fruits très murs. C’est lourd et ample avec une finale assez courte sur de l’olive.

 

 

Excellence Rhum Hampden 2000 LROK

Excellence Rhum Hampden 16ans

Nouvelle distillerie, nouvel embouteilleur (déjà lu ça quelque part ^^)! Ce rum de la distillerie Hampden – qui sortirait les rum les plus aromatiques de l’ile – a bénéficié d’un double vieillissement : tropical (20%) / continental (80%) pour un âge total de 16ans (je vous laisse faire le calcul pour les plus matheux d’entre vous) pour un degré de 54,6%. Le nez nous marque directement par ses notes beurrées, de banane, d’abricot et d’olive noire. Une belle attaque vive et fraîche vient envahir le palais, on y ressent du menthol, du foin, du sucre roux et de la banane caramélisée. La finale est marquée par une légère amertume boisée, une présence discrète d’olives noires et de foin.

 

Habitation Velier Hampden 2010 HLCF

Habitation Velier Hampden HLCF

Nous terminons notre tour d’horizon en revenant chez notre cher embouteilleur italien mais en restant sur la même distillerie que précédemment. Ce 6 ans d’âge vieilli exclusivement à la distillerie et titrant 68% nous envoie des esters : 550g/hlap ! Ce rum est fort concentré et il faut une bonne aération pour y discerner ses différents composants. Au nez, c’est gourmand et rond sur le solvant, les fruits exotiques (banane, ananas), un boisé cireux et du poivre. Il est acidulé, doux et rond. La bouche laisse apparaître de l’olive verte, un coté cuir et un discret fumé.

 

En conclusion

Nous avons, comme à chaque fois, passé une très bonne soirée en agréable compagnie. La sélection du line up était réussie et nous a permis de voyager dans les différents registres, si particuliers, des rums de cette île. Merci aux participants qui ont mis la main à la pâte (c’est le cas de le dire) pour le dessert, les photos, la musique et j’en passe. Je ne vous parle pas des duels qui ont eu lieu afin de récupérer les fonds de bouteilles !

On espère que les différentes distilleries commenceront prochainement à elle-même produire leur rum vieux afin de maitriser tout le processus de production (Appleton et Worthy Park le font déjà).

Vous pouvez maintenant reprendre une activité normale, on se retrouve début décembre pour une nouvelle B(i)elle soirée.

La recette du Ginger Beer : par ici 

Réservation pour la prochaine soirée : par ici

 

Événements

Whisky (Surtout Rhum) Live 2017

Voici le temps pour moi de vous faire un petit retour de mon premier Whisky Live Paris. Au vu des incroyables 3 jours passés, je ne saurais que vous condenser mes découvertes les plus intéressantes dans ce billet que j’espère pas trop long.

Ce magnifique weekend fût aussi l’occasion de rencontrer des grands noms du rhum que j’admire depuis déjà fort longtemps mais aussi de retrouver lors de 2 soirées, avec mes confrères liégeois, mes amis français de la 2.0.

Dès notre arrivée, nous avons rencontré nos 2-3 de nos compatriotes ainsi que Cyril Weglarz, Gianni Capovilla et Luca Gargano. Après quelques minutes de discussion, celui-ci nous emmène faire le tour de ses principales nouveautés – un tour vip avec le N1 Velier, que demander de plus ?

Suivons le guide :

 

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Clairin le Rocher – 43,5%

Un des plus léger clairins de chez Velier en terme d’ABV. Une méthode de production différente avec l’utilisation de sucre de canne lors de la distillation. Tout cela nous donne un clairin minéral avec des notes assez sucrées, moins herbacé que les autres clairins, il offre une vraie fraîcheur.

Rum Paranubes

Paranubes – 54%

Nous voici devant la dernière trouvaille de Luca, un rhum provenant du Mexique (Oaxaca pour être précis) avec une méthode de fabrication proche des clairins. Le nez est très parfumé et floral. La bouche est malheureusement assez décevante et contraste avec le nez avec des notes végétales et assez rêches.

Velier Royal Navy

Velier Royal Navy – 57,18%

Un nez lourd et gourmand, on ressent clairement le Caroni et la Jamaïque avec des fruits bien murs (orange, fraise), des épices (muscade), des notes de cuir et d’amande. La Bouche est vive, pimentée avec du tabac, un léger boisé et un peu de girofle.

Rhum Rhum Liberation 2017

Rhum Rhum Libération 2017 réduit (45%) et FP (58%)

La version réduite a un nez très agréable et superbement parfumé et équilibré sur le fruité et le boisé avec un coté floral. On ressent clairement la rondeur du fût de Sauternes. Le bouche est douce avec une agréable note de fruits secs.
Sa grande sœur, la version Full Proof, a un nez parfumé et plus intense. Quelques minutes d’ouverture lui permettent de s’épanouir sur des notes plus imposantes avec du boisé, et des épices plus présentes. J’ai personnellement une préférence pour le réduit au nez et le Full Proof en bouche (ou une excuse pour prendre les 2 me direz-vous !)

Capovilla Banane

Capovilla banane de Marie-Galante – 43%

Cette eau de vie du Maestro est gourmande, d’abord sur la peau ensuite sur le fruit lui-même. Une belle réussite qui ne sera pas renouvelée dû à la difficulté du transport. Un seul bémol, le prix est relativement élevé.

Neisson 2005 2007 1997

Neisson 2005 12ans – 51,3%

Le premier des trois prévus pour les 70ans Velier. Un nez sur les fruits secs, bois blanc. La bouche est fruitée, empyreumatique avec un peu de céréales.

Neisson 2007 10ans – 58,1%

Le nez est plus gourmand, rond et assez doux. La bouche est vive, boisée (sous-bois), une légère minéralité.

Neisson 1997 20ans – 44,1%

Un nez enjôleur, avec des notes de fruits. En bouche, c’est très équilibré entre le boisé et le fruité. Mon préféré parmi tous les Neisson dégustés au salon (malheureusement pour mon portefeuille)

Neisson 1991 Armada

Neisson Armada 1991 – 45%

Le nez est discret, tout en subtilité. La bouche est douce, tendre avec une superbe longueur.

Neisson

Neisson XO Brut de Fût – 54%

Nous retrouvons un nouveau Xo avec plus de caractère, des notes de fruits secs (amande) et un coté floral se marient très bien.

St Lucia 2010

St Lucia 2010 – 58,6%

Nous retrouvons clairement les notes des rhums de St Lucia (le plantation 2004 me revient en tête) mais avec plus de complexité, plus intense et une palette aromatique plus large.

Bally 1999

Bally 1999 Brut de Fût – 54,5%

Nouveau millésime pour ce brut de fût avec une robe extrêmement foncée. Les arômes d’agrumes, d’épices, de fruits secs, une légère amertume et un boisé légèrement présent me bouleversent : j’aurais pensé un boisé plus présent à voir la robe.

Savanna Blanc

Savanna Lontan et HERR – 57%

Voici les 2 nouveaux blancs de chez Savanna, tous deux en 57%. Le premier (Le Lontan distillé en colonne Savalle) est assez fruité sur de l’abricot, de l’olive et est très gourmand. Le second (le HERR distillé en pot still en inox) est vraiment dans la lignée de son prédécesseur avec des notes de bonbons aux fraises, une bouche très intense, exotique qui vous embaumera le palais pour un long moment.

Savanna 2006 HERR

Savanna 2006 Intense HERR Finish – 50,8%

Un rhum traditionnel de 10ans bénéficiant d’une finition en fût de HERR. L’approche est agréable, on retrouve la rondeur et les notes épicées du 10ans, la finition HERR lui octroie un peu plus de peps avec des notes plus exotiques sans être aussi exubérant que ce dernier, et donc plus accessible.

Plantation Jamaïque 2000 Long Pond Single Cask

Nous voici sur un merveilleux rhum jamaïcain de la maison Ferrand sur lequel la finition en cognac n’a pas trop dénaturé le produit originel. Nous retrouvons les notes type de la distillerie, avec un très bon équilibre. Dommage que le prix soit si exorbitant.

SSS Caroni 1997

Spirit Shop Selection Caroni 1997 Single Cask – 59,6%

Un nouveau Caroni d’un embouteille asiatique de whisky, je partais honnêtement sans trop d’attente. J’ai reçu une belle claque, le produit est très bien fait. Un Caroni de très bonne facture bien équilibré, intense et gourmand. On a hâte de découvrir le prix.

Au niveau rencontres, ce n’est pas moins que Luca (Ruruki pour les intimes) Gagarno, Gianni Vittorio Capovilla, Marc Sassier, Stephano Cremaschi, Fabio Rossi, Bernard Hayot, Ian Burrel ainsi que tous les amateurs habituels avec lesquels nous avons passé de merveilleux moment.



Une chose est sûre j’y retournerai l’année prochaine, en attendant, nous nous retrouvons dans une semaine pour le salon du rhum à Spa 😉

Les Amis des Amis du Rhum

les amis des amis du Rhum – JM vs Trois Rivières

Après deux mois d’absence, nous revoilà à flots pour une nouvelle saison de dégustations. Premier événement : les Amis des Amis du Rhum. Cette première de la saison nous propose une confrontation de deux grandes maisons martiniquaises : JM vs Trois Rivières.

On vous pose le décor : comme à l’habitude, dès notre arrivée, le line up est dévoilé sur le bar à côté du planteur prévu pour l’apéro. Les habitués se retrouvent, mettent en place les tables et chaises, et nous voilà partis pour une agréable soirée. L’ambiance est bien détendue. Les discussions rhumesques ne tardent pas à éclore : bref on se sent à l’aise parmi une bande de joyeux lurons tout en sirotant un planteur made in La Mauny Ananas.

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Comme pour toutes les soirées « Confrontation », Cédric nous a préparé quatre duels de produits de gammes comparables : on commence en opposant deux blancs, puis les VSOP qui préparent le terrain pour les 10 ans et enfin les hauts de gamme. La soirée du jour s’y prêtant, tous ces jus seront des AOC.

JM Jungle Macouba (51,2%) vs Trois Rivières Océan (40%)

Ce premier duel opposera deux blanc « premium » (qu’est-ce que l’on n’aime pas ce terme…)

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D’un côté, le JM Jungle Macouba. Au nez, passé la canne fraîche et sucrée, nous retrouvons des notes herbacées (gazon coupé) et de foin. La bouche est très végétale limite terreuse ; avec une pointe de poivre, de truffe et une certaine lourdeur. On peut d’ailleurs l’observer, le Macouba est un peu graisseux au verre, les jambes sont bien portantes et descendent assez lentement.

De l’autre côté, le Trois Rivières Océan. Hormis la canne, le nez est très marin (au cas où vous n’auriez pas compris la référence). On y retrouve l’iode, en fermant les yeux on se croirait presque sur l’Anse Trabaud, le sable blanc sous nos pieds. Des notes d’agrumes et de grains de moutarde ressortent ensuite. La bouche est saline et sur la canne crue. Une finale douce, limite sur de la cassonade avec une pointe iodée.
Ce blanc se marie très bien avec les huitres ou lors d’une dégustation de sushis (testé & approuvé)

Résultat du duel : 12 voix pour le Trois Rivières contre 5 pour le JM. Le côté très atypique de la cuvée de l’Océan a probablement joué en sa faveur, face à un Macouba très bien réussi, mais dans une lignée plus standard en ce qui concerne les blancs agricoles.

VSOP en force

Vous l’avez compris, pour le second duel nous aurons droit aux deux VSOP. Lesquels ? Un de chez Trois Rivières et un de chez JM, il faut suivre un peu !

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Le JM est clairement (c’est le cas de le dire) plus doré et limpide. Le nez est acidulé, sur du sapin (épicéa), du poivre, du foin et cireux. Après une longue ouverture (ou même le verre vide depuis quelques minutes), il devient pâtissier avec la crème au beurre, voire le beurre lui-même qui s’impose. Un nez très surprenant.
Personnellement [Spiritom], je connaissais ce JM mais il ne m’avait pas laissé une très bonne impression. Cette dégustation m’a permis de le redécouvrir et de lui porter un plus grand intérêt.

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Le Trois Rivières est quant à lui plus sombre et lourd sur le verre. Le nez est plus épicé, sur de la muscade et un boisé (typique de chez Trois Rivières pour les habitués). On devine une présence de cacao. La bouche est incroyablement douce, on y retrouve des notes de poudre de cacao, un léger boisé (chêne neuf) et une pointe de vanille. La finale est davantage sur l’amertume du cacao.
Si vous aimez ce Trois Rivières, on ne pourrait que vous conseiller d’essayer l’ancien embouteillage 5 ans (remplacé depuis peu par ce VSOP) qui apporte une palette aromatique plus complexe.

Égalité pour ce duel : 8 voix partout ! (Oui, quelqu’un s’est abstenu)

JM 2003 10 ans (44,8%) vs Trois Rivières 10 ans Vintage ‘90s (42%)

Nous montons de catégorie avec les 10 ans d’âge.

Notez que le JM 2003 se trouve encore assez facilement (au pire, le nouveau 2004 est assez similaire) alors que le Trois Rivières est une version des années 90 (1991 pour être précis) sur laquelle il vous sera assez difficile de mettre la main.

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Le nez du JM est rond, sur du cacao, du poivre, un peu de vanille grasse. Nous retrouvons le côté beurré du VSOP (bien moins prononcé quand même). Si on le laisse pleinement s’ouvrir, on perçoit encore quelques notes d’agrumes tirant ici davantage sur le pamplemousse. En bouche, l’alcool se fait dans un premier temps présent, viennent ensuite des arômes d’amande, de fruits exotiques (limite confits) et de vanille. Au fur et à mesure, il devient plus gras et gourmand avec une pointe de note beurrée.

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Le Trois Rivières est frais au nez : des notes de boisé et de menthol avec une pointe d’ancien rhum d’un temps révolu (qui a dit poussière?). Le chocolat amer pointe le bout de son nez et vient chatouiller nos narines. La bouche nous dévoile des notes de cacao, d’ananas avec une pointe d’amertume et d’une belle complexité.

Résultat du duel : 8 voix pour le Trois Rivières contre 9 pour le JM

JM 2000 15 ans (41,9%) vs Trois Rivières 1995 (43%)

Nous arrivons à l’apogée de la dégustation : les hauts de gamme qui clôturent cette soirée. Le JM 2000 est en réalité un 16 ans d’âge alors que le Trois Rivières 1995 est un 19 ans (mais l’AOC ne permet pas de comptabiliser les dernières années suite au double vieillissement).

Il est à noter que ces rhums ont été servis dans les verres plus d’une demi-heure avant d’être présentés à la dégustation, leur permettant une belle ouverture (c’était également le cas pour les 10ans).

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Le JM nous propose au nez des notes beurrées qui se dirigent vers le beurre fondu (décidément, on en retrouve du beurre dans ces JM, à se demander s’ils ne font pas de la pâtisserie à côté de la distillerie), du foin sec, un peu d’amertume de cacao et des fruits secs. Viennent ensuite des fruits assez sucrés et une pointe d’épice. La bouche est sur le fruits confits, de la prune le tout avec une belle complexité. La finale est agréablement longue.

Le Trois Rivières est assez alcooleux au premier abord, avec les marqueurs typiques actuels de la distillerie accompagnés de fraîcheur (eucalyptus), tabac (boîte à cigares). La bouche est ronde, sur des fruits secs, avec un soupçon d’orange. La finale est très longue avec du boisé et du tabac pour se terminer sur une touche plus fraîche.

Résultat du duel : 10 voix pour le Trois Rivières contre 7 pour le JM

Conclusion

Les plus matheux parmi nos lecteurs se seront rendus compte que c’est Trois Rivières qui l’emporte 36 voix contre 29. L’écart s’est creusé en faveur du sud de l’île au niveau du blanc, la Cuvée de l’Océan séduisant par son esprit (rien à voir avec Neisson) très décalé. Il faut avouer que malgré son faible titrage, c’est une belle réussite qui a de quoi laisser rêveur. Il se laisse boire pur ou en cocktail (mojito fraise-basilique, il vaut le détour paraît-il). Pour la suite de la gamme, on reconnaît dans ces deux distilleries un savoir-faire pleinement maîtrisé, avec des particularités qui plairont soit aux uns soit aux autres. Mais tou(te)s témoigneront qu’il n’y a que du bon!

Le mot de la fin pour cette soirée est la bonne manufacture des différentes cuvées sélectionnées, aucune fausse note. On retrouve clairement une trame évolutive dans chaque distillerie avec des notes qui se retrouvent dans l’ensemble de leur gamme respective, hormis pour la Cuvée de l’Océan, très atypique.

Le fait d’avoir pu découvrir un ancien rhum des années 90 (le Trois Rivières 10 ans, c’est bien, y en a deux qui suivent là dans le fond) nous permet de réaliser l’évolution des rhums agricoles ces deux dernières décennies au sein d’une même maison.

Comme à l’habitude, c’est encore une fois l’ambiance et la bonne humeur des participants qui rendent ces soirées si plaisantes. Félicitations à Cédric pour l’organisation et la sélection ainsi qu’à Michaël pour les photos. La prochaine soirée aura lieu le 20 octobre et aura pour thème la Jamaïque (on vous voit déjà baver). Pour ceux qui sont dans la région, le contact pour la réservation est sous l’article.

A très bientôt pour d’autres articles ! Car oui, les mois qui arrivent vont être chargés en événement Entr’Rhum.

Crédit photo : Michaël Muller
Réservation pour la prochaine soirée : Par ici

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du rhum – Savanna

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Il y a deux semaines, nous avons eu la chance de participer à une soirée dégustation du groupe « les amis des amis du rhum » (non, nous n’avons pas trop bu, il y a bien deux fois « les amis » !). C’est notre ami Cédric qui organise depuis maintenant plus d’un an ces ateliers dégustations avec un line up toujours très bien pensé. Maintenant que j’y pense, je ne comprends toujours pas pourquoi nous n’y avions jamais participé car ce n’est au final pas si loin de chez nous.

Erreur maintenant corrigée, nous sommes donc partis pour les quelques kilomètres qui nous séparent de notre destination. Bien que cette soirée soit notre première, c’était également la dernière de la saison, ce qui nous a permis de participer à une petite tombola fort bien agréable (qui a dit que j’étais cocu ??? )

A peine arrivés, notre ami Cédric est déjà au bar pour servir l’apéritif, un planteur bien rafraîchissant, alors que l’ensemble est déjà en place pour la soirée et que le cuistot s’active en cuisine. Tout cela est très bien organisé et l’on commence à faire connaissance avec les différents amateurs présents dont quelques têtes connues.

Cédric, nous explique le principe de la soirée avec un rhum blanc en guise de mise en route, un repas, et ensuite la dégustation proprement dite (6 rhums vieux seront à l’honneur). L’avantage de faire un line up sur la distillerie Savanna est que leur gamme de produits est vraiment complète (il ne manque qu’un pot still et c’est la quinte flush !). En effet, elle propose des rhums à base de mélasse, de vesou, des grand arômes (le tout en blanc et en vieux), des finitions, des versions réduites et brut de fût et des ovnis venus de nulle part. Le tout pour le plus grand plaisir de nos papilles. Au cours de cette soirée, nous aurons donc droit à une belle palette de ce qui se fait dans cette maison avec 1 rhum blanc, 2 rhums traditionnels, 2 rhums pur jus et 2 rhums grand arôme. Le vieillissement se fait exclusivement en anciens fûts de Cognac.

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Nous commençons donc la première partie de la soirée avec un blanc : le rhum Créol. Ce rhum pur jus de la Réunion est assez porté sur les agrumes (orange, mandarine) et le sucre de canne. Assez différent des autres rhums de vesou car il ne porte pas de marqueurs de canne fraîche mais plutôt de sucre de canne. En bouche, il en ressort un rhum assez vif, épicé (ylang ylang) et poivré ; pas de fraîcheur habituelle de ce type de rhum. C’est en ti-punch qu’il se dévoile plus avec des arômes plus fins.

Après nous être sustentés d’une spécialité italienne plate et ronde, notre hôte nous démarre les choses sérieuses avec le premier rhum vieux de la soirée : le rhum Savanna traditionnel 7 ans 43%. C’est un rhum de mélasse ayant vieilli 7 ans dans des fûts de Cognac. Au nez, la mélasse est bien présente avec des notes miellées, d’ananas cuits ainsi qu’une touche florale. La bouche est pâtissière, vanillée et sur de la réglisse avec un léger piquant supplémentaire en finale. Voici (enfin nous avons envie de dire) un très bon rhum de mélasse qui n’est pas saturé de glucide ou autre glycérine et vanilline.

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Nous restons dans la mélasse pour le rhum suivant avec le Savanna Intense 7 ans finition Moscatel à 46%. La robe est cuivrée et assez grasse. Le nez est fruité (mirabelle) avec un côté légèrement vineux et une touche de café. En bouche, on retrouve le coté mélasse avec une certaine douceur, le fruité, des notes de lavande et même pour certain(s) de champignons ! La finale reste dans la même gamme, fruitée, douce et vineuse.

Arrive le temps de passer aux rhums de vesou. Nous commençons par le Savanna Créol 10 ans affiné en fût de porto et réduit à 46%. La robe est plus pâle que sur le précédent, plutôt dorée. Le nez fait tout de suite ressortir le raisin, des marqueurs de cognac sont clairement identifiables ainsi qu’un léger vernis. On détecte un peu d’épices (la muscade) et une petite astringence. La bouche est assez complexe, sur les fruits, le cacao et une fin de bouche plus ronde.

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Le second pur jus de canne est le Savanna Créol 9 ans calvados finish en brut de fût (61,4%). Nous avions déjà testé une finition calvados chez Savanna (le 6 ans 2002 réduit à 46%) et il nous avait bien séduit à l’époque ; cette version brut de fût avait donc toute notre attention.
La robe est dorée et brillante avec des jambes assez fines. Au nez, la finition calvados est bien présente avec un léger vernis et un peu de caramel. La bouche est chaude et gourmande sur les fruits (pomme et poire) et une touche de caramel cuit. Son haut taux d’alcool nous force à le laisser s’ouvrir un bon moment afin de bien en percevoir toutes ses subtilités.

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Après un petit tour de tombola, nous passons à la dernière partie de cette soirée : les grands arômes. Alors pour ceux qui l’auraient oublié, les grands arômes sont des rhums de mélasse avec une fermentation longue (5 à 10 jours) et une levure spécifique qui permet d’obtenir des rhums très aromatiques.

Le premier de la série est le Savanna Lontan Chai Humide 8 ans à 60,4%. Ce nom provient du lieu de stockage des fûts dans le chai : celui-ci étant à bord de mer, le fond du chai est assez humide et a modifié le profil aromatique de certains fûts. La robe est dorée. Au nez, nous retrouvons le vernis, des fruits cuits, l’olive, le pain, des raisins secs et un léger fumé. La bouche est boisée, florale (fleur d’oranger) et ronde. Dès notre première gorgée, nous comprenons directement pourquoi ce nom de chai humide. Le boisé et le fruité se marient à merveille, une très belle réussite. La finale porte sur les fruits (ananas) avec une extrême douceur et longueur.

Le dernier de la soirée n’est pas des moindres : le Savanna Lontan 12 ans en brut de fût 64,2%. Ce rhum est un des plus puissant de la maison Savanna et est un concentré d’arômes. La robes est acajou, limite bronze. Le nez nous dévoile des arômes fruités de fleur d’orangé, de cacao et de solvant (acétone). En bouche, c’est puissant autant en arômes qu’en degré d’alcool. On y retrouve du pain d’épice, de l’anis avec du cuir de l’olive et des fruits à coques. Une bonne aération est nécessaire pour l’apprécier pleinement.

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Voici ce qui termine cette très agréable soirée…. Hoooo…. mais non ! Notre hôte nous dévoile une petite flasque sortie de nulle part. A peine ouverte, les arômes se font ressentir dans toute la pièce. Le Savanna HERR venait d’être ouvert ! Cette sensation est semblable à la libération du Kraken (le monstre hein, pas le rhum 😉 ).
Si vous pensiez que le Lontan 12 ans bdf était costaud, sachez qu’il semble être une limonade face à ce monstre. En résumé, on y retrouve l’ananas, des notes empyreumatiques et une touche de bonbon (fraise tagada).

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Merci à Cédric pour cette belle soirée, cette organisation au top et ce line up très intéressant. Merci également aux différents amateurs présents pour ces agréables moments de partage et la très bonne ambiance. C’est promis, on reviendra 😉

Crédit photos: Cédric Lorne

Dégustations Croisées

Private Vintage en Terrasse

Nous revoilà pour une petite découverte belge qui clôture une agréable journée ensoleillée. Je vous plante le décor : sur la terrasse du jardin, entourés de charmants chants d’oiseaux, l’odeur des braises encore chaudes du barbecue, l’estomac bien rempli et le palais prêt pour une agréable dégustation en bonne compagnie.

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Après vous avoir planté le décor, place au produit : Un rhum (quoi ? vous en doutiez ?) Trois Rivières (oui on sait, c’est une de nos distilleries préférées) millésimé 2006 Private Vintage. Cette cuvée est une sélection faite par Best Whisky et limitée à +/- 100 bouteilles (je devrais avoir plus d’informations prochainement). A la manière du 2004 Private Vintage, cette cuvée n’est disponible qu’à un endroit : chez le sélectionneur ici en Belgique. Concernant le produit, nous sommes sur un rhum de près de 11ans (fût T-20) vieilli en fût de limousin ayant précédemment contenu du Cognac et titrant à 45%.

La robe est d’un beau doré avec des jambes moyennes et légères.

Le nez est extrêmement fruité, sur l’exotisme (banane, poire), chaleureux, pain d’épices avec un léger boisé. C’est très doux, rond et gourmand.

Le bouche est vive, très boisée ; le fût de cognac est bien perceptible. Cela contraste avec le nez. Les fruits ne se font pas ressentir aux premiers abords. Ensuite les épices se dévoilent avec de la muscade, du poivre et de la résine. Après aération (et donc oxydation), les fruits font leur apparition en fin de bouche, ce qui amène plus de gourmandise.

La finale est longue et sèche sur le boisé. Mais cette fois, cela porte plus sur le sapin avec une petite amertume.

En résumé, nous avons un rhum avec deux facettes bien distinctes : une au nez et l’autre en bouche. Les marqueurs typiques de la maison se retrouvent mais certains arômes (le fruité au nez et le boisé en bouche) ont été boostés. Sur certains aspects, il nous rappelle le millésime 1995 et cette gourmandise si bien maîtrisée.