Dégustations Croisées

Duel brut de futs : J. Bally 1998 vs J.Bally 1999

C’est l’été ! Youpie ! Il fait beau, les journées et soirées sont plus longues, les enfants sont en congé, c’est la coupe du monde (bon ok, pour cette partie on repassera 😉 ) mais … qu’est ce que ça peut être calme dans le monde rhumesque 😥

En effet, pas de salon, soirée dégustation ou autre événement organisé durant cette longue période estivale. Du coup, un jour, j’ouvre ma boite à sample afin de noyer tout ce chagrin dans un doux nectar et… que vois-je : une montagne de samples accumulés durant toute l’année auxquels je n’ai pas encore eu le temps de m’attaquer!

Ni une ni deux, cette période de vacances va se transformer en tasting estival afin de découvrir tout cela (ou redécouvrir pour certains) histoire de faire quelques line up intéressant en attendant la reprise en septembre.

Pour cette première séance : Duel des bruts de fût Bally 1998 et 1999

Bally 1998 vs 1999

Commençons par la robe, la 1998 est d’un beau cuivré bien brillant. Les jambes ne sont pas trop grasses et légèrement perlées. Pour le 1999, c’est totalement différent. On est sur un brun bien soutenu, on dirait presque du sirop de batterie ! Les jambes sont par contre assez similaires au 98.

Au nez le 1998 est boisé résineux, sur du cacao, un peu de végétal (fleur blanche) et on y retrouve une petite sucrosité. Le 1999 est plus sur le cacao, chocolat noir et d’épices.

Passons à la dégustation proprement dite. Le 1998 est boisé avec des notes de sous-bois, de piment et de poivre. C’est intense mais l’alcool est bien intégré. La finale est très longue, assez ronde dans un premier temps et puis s’assèche.
Le 1999 est plus léger en arôme, le boisé domine avec toujours ces notes de chocolat et une certaine amertume. La finale est plus saline et astringente que celle de son prédécesseur.

La différence de watts (59,1% pour le 1998 et 54% pour le 1999) ne se fait pas ressentir. Les deux produits sont très différents avec une préférence pour le 1998 qui me semble plus aromatique.

Notez que l’on a laissé une aération d’une demi-heure avant de les attaquer.

A bientôt pour une prochaine dégustation estivale 😉

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du Rhum – Neisson

Nous voilà partis pour l’une des soirées des plus attendues pour certains et surtout pour l’organisateur :D, la soirée dédiée à Neisson. Alors pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Neisson est l’une des dernières distilleries familiales de la Martinique avec une des plus petites capacités de production (avec La Favorite) et est la première à passer au rhum Bio.

Neisson Line UP

Après le traditionnel planteur (au Neisson 55% cette fois), nous démarrons ce line up très prometteur.

Neisson Blanc 52,5Le Rhum par Neisson – 52,5%

Comme d’habitude, c’est un blanc qui ouvre le bal. Ici, le fer de lance pour les ti-punch local : Le Rhum par Neisson 52,5%. Le nez est végétal, avec du zeste de citron vert, assez minéral (forêt humide) et évidemment de la canne fraîche. On nage en plein dans le champ de canne. La bouche est sur les agrumes, le poivre et l’anis. En Ti-punch, la canne à sucre fait son apparition et tout ces arômes se retrouvent exaltés. Le verre vide laisse réellement place à ce côté alcalin que l’on avait ressenti au nez.

Neisson Profil 105

Neisson Profil 105 – 54,2%

Après cette belle mise en bouche, nous commençons la gamme des rhums mis en vieillissement avec une révélation de l’année 2016 : le Profil 105. Ce rhum, vieilli pendant 20 mois dans des fûts presque neufs (un premier remplissage rapide afin de préparer le fût), conçus avec des douelles de chêne français et américains en alternance, le tout chauffé avec un profil de chauffe moyen (qui porte le numéro 105 pour ceux qui suivent). Il est assez rare que l’on nous propose des rhums élevés-sous-bois (ESB) dans ces soirées mais nous pensons que l’assemblée a été conquise. Des fruits secs, de l’orange, de la vanille, des notes beurrées et empyreumatiques (moka, pain grillé), voilà pour le nez. En bouche les agrumes et le léger boisé (café-moka) donnent un très bon équilibre pour ce rhum très jeune et plein de vivacité (54,2% on vous rappelle).

 

Neisson VieuxLe Rhum Vieux par Neisson – 45%

Ce rhum est une nouveauté, issu de la refonte de la gamme pour les 85 ans de la distillerie. Il est composé de 70% de rhum de 3 ans d’âge (minimum requis pour l’appellation vieux) et 30% de 9 ans d’âge. Au nez, le premier humage est sur le solvant et avec de l’aération on y retrouve de la frangipane, du boisé bien intégré et des notes miellées et une pincée de poivre blanc. La bouche est au premier abord vive sur l’alcool, ensuite les fruits sec (amandes) et la vanille font leur apparition. La mie de pain vient clôturer le bal très équilibré. Un peu léger en bouche mais vraiment bien fait.

 

Neisson 2012 SCNeisson 2012 Single Cask – 49,2%

Premier millésimé de la soirée : 2012 Single Cask embouteillé pour la maison du Rhum, seul rhum du line-up à ne pas avoir revêtu les traditionnelles Zepol Karé. Un rhum relativement jeune (4 ans) et brut de fût, sorti à 250 exemplaires pour le salon de Spa 2017 (il y a encore possibilité de trouver une bouteille qui traîne chez un caviste belge si vous ne traînez pas). Le nez est porté par du beurre, du poivre, du pamplemousse avec un tout floral et plutôt fin. En bouche, on ressent directement le brut de fût (à la manière du profil 105), les fruits secs (noisette), le cuir et le coté floral sont par la suite bien présent. Le tout est bien rond et se marie bien. La finale est plus portée sur le boisé-grillé.

 

Neisson XOLe Rhum XO par Neisson – 48,5%

Second rhum ayant subi la refonte pour les 85 ans : le XO, un assemblage de rhum de 9 à 12 ans (bien plus que les 6 règlementaires). Le nez est très charmeur, sur le cuir, le cacao, la noix, le boisé (sapin) et le café. En bouche, le boisé fait son apparition avec des notes de fruits (blancs et exotiques) en plus des notes retrouvées au nez. L’ensemble forme toujours un superbe équilibre et cette fois une finale bien longue et persistante.

Neisson 12ansNeisson 12 ans – 52,7%

Dernier rhum vieux de la soirée : le 12 ans d’âge, ou millésime 2004 batch 3 pour les puristes ! Le nez est sur les fruits confits, le cacao amer, le cuir et des épices (piment, gingembre). La bouche offre une large palette aromatique onctueuse avec boisé bien fondu, toujours les fruits confits et une note fraîche. La finale est fine et sèche.

 

 

L’Esprit et L’Esprit Bio – 70% et 66%

Petite exception lors de cette soirée, nous allons terminer le tour de la distillerie par du rhum blanc. Non pas une mais deux références dont voici les concurrents : sur notre gauche, l’Esprit de Neisson, un rhum exclusivement canne bleue, (presque) brut de colonne titrant à 70% crée pour les 70 ans de la distillerie (il est rectifié pour être précisément à 70%). À droite, son petit frère : l’Esprit BIO, nouveauté de 2017, exclusivement en canne (bleue ?) entièrement issu de l’agriculture biologie, un label très difficile à obtenir, titrant à 66%. De quoi faire un beau match !

Au nez les deux sont sur de la canne fraîche (normal jusque-là !), l’esprit est plutôt minéral (terre humide), floral et notes de truffes alors que le BIO est plus sur l’agrume (citron) et offre une plus grand amplitude aromatique. En bouche, il faut y aller doucement car les watts sont bien présents. L’esprit est bien minéral (terreux) et sur la truffe. Le BIO est légèrement sucré et toujours cette note d’agrume. Personnellement, c’est le BIO qui m’a le plus séduit et il se suffit tout seul en ti-punch !

Neisson Line UP

Conclusion

Nous avons eu la chance de découvrir (ou redécouvrir pour certains) cette petite distillerie avec de superbes produits. La qualité est toujours présente et rares sont les fausses notes. Les vieux ont un équilibre impressionnant, un vrai travail d’artiste. Malheureusement, la perfection a un prix… On ne peut d’ailleurs que tirer notre chapeau à notre hôte qui, pour un prix très démocratique, a pu proposer un bel éventail de cette distillerie de La Martinique.

À bientôt pour une prochaine soirée 😉

 

Crédit photos : Michaël Muller

Dégustations Chez Antoine

Dégustation Privée «Le goût du Bonheur» N°3

Voilà une nouvelle dégustation chez notre caviste préféré, l’occasion pour nous de partager une belle bouteille que nous avons dans notre collection.

Antoine nous accueille en nous proposant de (re)déguster le New Yarmouth, dernier jamaïcain de la compagnie des Indes. Toujours en « pré-line-up », Thomas nous fait (re)découvrir le Lontan 57 de chez Savanna. Après ces tournées de saveurs, nous voilà prêts pour les six (enfin, sept) références de la soirée.

Line Up Antoine N°3

Saint James Single Cask 1997 – 42,7%

Saint James 1997-2012On commence notre soirée sur le millésime de 1997 de Saint-James dépoté en 2012 (un 15 ans donc), qui sort pour célébrer les 20 ans de l’AOC martiniquais. La bouteille fraîchement arrivée de La Martinique (un tout grand merci d’ailleurs à Marc Sassier) a été ouverte pour cette soirée, arrivant trop tard pour le salon de Spa. Au nez, on retrouve essentiellement du bois et de la réglisse avec la patte St James. Un parfum végétal finit par émerger après une légère aération. L’attaque en bouche est sur le sous-bois légèrement épicé, un peu herbacée, du cacao et un peu torréfaction . On retrouve du cuir en fin de bouche. Nous avons été surpris par la longueur très courte de ce rhum. Est-ce le voyage et le peu d’ouverture que nous lui avons laissé qui l’empêche de s’exprimer ? Nous devrons clairement nous y replonger.

Edit : après un face à face le lendemain entre le Single Cask 1997-2012 et le Single Cask 1998-2009, on retrouve une palette aromatique assez similaire avec plus d’intensité, de longueur et des notes de fruits secs plus marquées pour le 1998.

 

La Favorite, cuvée Privilège 1999 – 43%La favorite Privilège 1999

Le nez est doux, sur le fruit (raisin), du bois blanc avec un peu d’épices (muscade). La bouche débute sur l’alcool avec une attaque sur le poivre blanc. On retrouve ensuite le côté raisin et résineux (une petite similitude avec le vin Retsina me vient en tête). Très surprenant par rapport au souvenir qu’on en gardait du RhumFest Paris ou ce rhum nous semblait plus équilibré, avec un alcool mieux intégré.

 

La Favorite, cuvée Flibuste 1987 – 40%

La favorite Flibuste 1987

On enchaîne dans la même maison en changeant de cuvée. La fameuse Flibuste (que certains divinisent alors que d’autres la qualifient de « jus de pruneaux ») est la troisième sur le line-up, ouverte pour l’occasion elle aussi. Au nez, on ne peut pas passer à côté des pruneaux, avec derrière de la muscade et de la réglisse assez bien présente. La bouche confirme le nez pour les pruneaux tandis que l’on retrouve un peu d’épices, des amandes et de la vanille. La finale est plus fraîche avec un boisé très agréable. Très rond, il est moins liquoreux que dans mes souvenirs.

 

 

Bielle 2004  – 45%

Bielle 2004Passons à l’île au cents moulins avec cette première référence, le Bielle 2004 10 ans d’âge. Au nez, on est clairement sur des fruits exotiques (principalement banane) auxquels viennent s’ajouter de l’orange un peu confite. Les agrumes sont très présents. La bouche continue sur le profil agrume en évoluant et du cacao – ce qui donne un effet orangette! En finale, la vanille se fait sentir sur un fond légèrement boisé et de fruits secs (noix) pour une superbe longueur.

 

Chantal Comte,  Tour de l’Or – Bielle  – 56,6%

Bielle Tour de l'or Chantal ComteSecond tour pour Bielle avec un sélection Chantal Comte brut de fût à 56,6%. Le nez est très frais, herbacé où la menthe poivrée ressort vraiment bien. Un boisé est également présent pour un très bon équilibre. Il est gourmand en bouche, on y retrouve un peu de fruits compotés (mangue), quelques épices (de la muscade) et du boisé de sental en fin de bouche. La finale très longue et douce reprend ces notes avec une pointe saline.

 

 

J. Bally 1998 Brut de fût – 59,1%

Bally 1998 brut de futEncore une bouteille de Madinina, encore une bouteille ouverte pour l’occasion. Le nez est pâtissier : vanille, amande amère, beurre fondu et soupçon de piment sont au rendez-vous. Si le nez nous séduit, la bouche nous étonne : le boisé est très (trop ?) présent. Le chêne se fait sentir tout au long de la bouche, emportant la palette aromatique avec lui et surplombe les épices (cannelle et piment). On retrouve un peu de caramel en fin de bouche. Probablement un rhum qui mérite une ouverture bien plus longue que ce à quoi il a eu droit. Ce sera une raison de plus d’y revenir !

 

Berry Bros & Rudo – Caroni 19 ans – 55%

Berry Bros Caroni 19ansPassons au seul rhum de mélasse de la soirée proposé pour les amateurs de bitume (non pas de sport moteur sur ce blog, juste les arômes qui vont avec). Nous avons droit à un Caroni de chez Berry Bros vieilli 19 ans en climat continental et réduit à 55%. Au nez c’est gourmand ! Certes, le goudron est présent mais se marie bien avec le côté fruité (pomme) et réglissé. La bouche est ronde, fumée, toujours la réglisse et de l’iode. La finale est longue et fine avec l’apparition de fruits secs. C’est un produit très bien équilibré qui est plus dans la subtilité des arôme que dans l’extravagance que peuvent donner les rhum de cette distillerie.

 

 

Une belle soirée d’échanges et de partage qui s’achève. On se retrouve peu, mais à chaque fois le plaisir y est! Rendez-vous en 2018 pour la suite!

 

Les Amis des Amis du Rhum

Les amis des amis du rhum – Savanna

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Il y a deux semaines, nous avons eu la chance de participer à une soirée dégustation du groupe « les amis des amis du rhum » (non, nous n’avons pas trop bu, il y a bien deux fois « les amis » !). C’est notre ami Cédric qui organise depuis maintenant plus d’un an ces ateliers dégustations avec un line up toujours très bien pensé. Maintenant que j’y pense, je ne comprends toujours pas pourquoi nous n’y avions jamais participé car ce n’est au final pas si loin de chez nous.

Erreur maintenant corrigée, nous sommes donc partis pour les quelques kilomètres qui nous séparent de notre destination. Bien que cette soirée soit notre première, c’était également la dernière de la saison, ce qui nous a permis de participer à une petite tombola fort bien agréable (qui a dit que j’étais cocu ??? )

A peine arrivés, notre ami Cédric est déjà au bar pour servir l’apéritif, un planteur bien rafraîchissant, alors que l’ensemble est déjà en place pour la soirée et que le cuistot s’active en cuisine. Tout cela est très bien organisé et l’on commence à faire connaissance avec les différents amateurs présents dont quelques têtes connues.

Cédric, nous explique le principe de la soirée avec un rhum blanc en guise de mise en route, un repas, et ensuite la dégustation proprement dite (6 rhums vieux seront à l’honneur). L’avantage de faire un line up sur la distillerie Savanna est que leur gamme de produits est vraiment complète (il ne manque qu’un pot still et c’est la quinte flush !). En effet, elle propose des rhums à base de mélasse, de vesou, des grand arômes (le tout en blanc et en vieux), des finitions, des versions réduites et brut de fût et des ovnis venus de nulle part. Le tout pour le plus grand plaisir de nos papilles. Au cours de cette soirée, nous aurons donc droit à une belle palette de ce qui se fait dans cette maison avec 1 rhum blanc, 2 rhums traditionnels, 2 rhums pur jus et 2 rhums grand arôme. Le vieillissement se fait exclusivement en anciens fûts de Cognac.

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Nous commençons donc la première partie de la soirée avec un blanc : le rhum Créol. Ce rhum pur jus de la Réunion est assez porté sur les agrumes (orange, mandarine) et le sucre de canne. Assez différent des autres rhums de vesou car il ne porte pas de marqueurs de canne fraîche mais plutôt de sucre de canne. En bouche, il en ressort un rhum assez vif, épicé (ylang ylang) et poivré ; pas de fraîcheur habituelle de ce type de rhum. C’est en ti-punch qu’il se dévoile plus avec des arômes plus fins.

Après nous être sustentés d’une spécialité italienne plate et ronde, notre hôte nous démarre les choses sérieuses avec le premier rhum vieux de la soirée : le rhum Savanna traditionnel 7 ans 43%. C’est un rhum de mélasse ayant vieilli 7 ans dans des fûts de Cognac. Au nez, la mélasse est bien présente avec des notes miellées, d’ananas cuits ainsi qu’une touche florale. La bouche est pâtissière, vanillée et sur de la réglisse avec un léger piquant supplémentaire en finale. Voici (enfin nous avons envie de dire) un très bon rhum de mélasse qui n’est pas saturé de glucide ou autre glycérine et vanilline.

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Nous restons dans la mélasse pour le rhum suivant avec le Savanna Intense 7 ans finition Moscatel à 46%. La robe est cuivrée et assez grasse. Le nez est fruité (mirabelle) avec un côté légèrement vineux et une touche de café. En bouche, on retrouve le coté mélasse avec une certaine douceur, le fruité, des notes de lavande et même pour certain(s) de champignons ! La finale reste dans la même gamme, fruitée, douce et vineuse.

Arrive le temps de passer aux rhums de vesou. Nous commençons par le Savanna Créol 10 ans affiné en fût de porto et réduit à 46%. La robe est plus pâle que sur le précédent, plutôt dorée. Le nez fait tout de suite ressortir le raisin, des marqueurs de cognac sont clairement identifiables ainsi qu’un léger vernis. On détecte un peu d’épices (la muscade) et une petite astringence. La bouche est assez complexe, sur les fruits, le cacao et une fin de bouche plus ronde.

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Le second pur jus de canne est le Savanna Créol 9 ans calvados finish en brut de fût (61,4%). Nous avions déjà testé une finition calvados chez Savanna (le 6 ans 2002 réduit à 46%) et il nous avait bien séduit à l’époque ; cette version brut de fût avait donc toute notre attention.
La robe est dorée et brillante avec des jambes assez fines. Au nez, la finition calvados est bien présente avec un léger vernis et un peu de caramel. La bouche est chaude et gourmande sur les fruits (pomme et poire) et une touche de caramel cuit. Son haut taux d’alcool nous force à le laisser s’ouvrir un bon moment afin de bien en percevoir toutes ses subtilités.

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Après un petit tour de tombola, nous passons à la dernière partie de cette soirée : les grands arômes. Alors pour ceux qui l’auraient oublié, les grands arômes sont des rhums de mélasse avec une fermentation longue (5 à 10 jours) et une levure spécifique qui permet d’obtenir des rhums très aromatiques.

Le premier de la série est le Savanna Lontan Chai Humide 8 ans à 60,4%. Ce nom provient du lieu de stockage des fûts dans le chai : celui-ci étant à bord de mer, le fond du chai est assez humide et a modifié le profil aromatique de certains fûts. La robe est dorée. Au nez, nous retrouvons le vernis, des fruits cuits, l’olive, le pain, des raisins secs et un léger fumé. La bouche est boisée, florale (fleur d’oranger) et ronde. Dès notre première gorgée, nous comprenons directement pourquoi ce nom de chai humide. Le boisé et le fruité se marient à merveille, une très belle réussite. La finale porte sur les fruits (ananas) avec une extrême douceur et longueur.

Le dernier de la soirée n’est pas des moindres : le Savanna Lontan 12 ans en brut de fût 64,2%. Ce rhum est un des plus puissant de la maison Savanna et est un concentré d’arômes. La robes est acajou, limite bronze. Le nez nous dévoile des arômes fruités de fleur d’orangé, de cacao et de solvant (acétone). En bouche, c’est puissant autant en arômes qu’en degré d’alcool. On y retrouve du pain d’épice, de l’anis avec du cuir de l’olive et des fruits à coques. Une bonne aération est nécessaire pour l’apprécier pleinement.

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Voici ce qui termine cette très agréable soirée…. Hoooo…. mais non ! Notre hôte nous dévoile une petite flasque sortie de nulle part. A peine ouverte, les arômes se font ressentir dans toute la pièce. Le Savanna HERR venait d’être ouvert ! Cette sensation est semblable à la libération du Kraken (le monstre hein, pas le rhum 😉 ).
Si vous pensiez que le Lontan 12 ans bdf était costaud, sachez qu’il semble être une limonade face à ce monstre. En résumé, on y retrouve l’ananas, des notes empyreumatiques et une touche de bonbon (fraise tagada).

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Merci à Cédric pour cette belle soirée, cette organisation au top et ce line up très intéressant. Merci également aux différents amateurs présents pour ces agréables moments de partage et la très bonne ambiance. C’est promis, on reviendra 😉

Crédit photos: Cédric Lorne

Dégustations de Spiritom

Versus Savanna Lontan Brut de Fût

11ans 2003 59,7% vs 12ans 2004 64,2%

Etant, depuis quelques années déjà, fan des produits de Savanna; les Lontan m’ont toujours subjugué avec leurs arômes si particuliers et tellement hors normes. A l’époque, je ne connaissais pas les rhums jamaïcains ni les Caroni ou les Demerara Velier (oui je sais, j’étais un noob d’à peine plus de 20ans). Lorsque les versions brut de fût ont enfin pointés le bout de leur nez, elles ne pouvaient pas ne pas passer en dessous du mien. Voici donc une petite note comparative en attendant le retour d’une plus grosse séance de dégustation Savanna organisée au mois de juin par mon ami Cédric Siperius.

Bref, commençons ce face à face. La robe est grasse et les jambes tardent à se montrer, de légères perles restent en suspension comme collées à la paroi du verre. Finalement, de très fines et lentes jambes apparaissent. Coté couleur, le 11ans est plutôt cuivré alors que le 12ans tire plus vers l’acajou. Pour les deux, un léger disque se forme à la surface du breuvage.

Les nez sont tout deux pâtissiers, le 11ans fait apparaître des notes de fruits à la coque, de compotée (pomme, poire et abricot), d’olive et de cuir. Le 12ans est plus fruité et empyreumatique (sur le cacao) avec une pointe florale. Il me semble plus parfumé.

La première bouche est typique du Grand Arôme, pâtissier, vif, chocolat noir avec des agrumes et un léger toasté réglissé sur le 11ans. Le 12ans est plus vif (normal avec presque 5% de plus), l’alcool est plus présent. Les arômes me semblent plus concentrés et moins bien équilibrés.

Après aération, les deux produits évoluent de façon significative ; le 11ans fait plus ressortir un côté fruité (toujours principalement la pomme et la poire) et le 12ans s’arrondi, il devient même plus rond que le 11ans avec un très bel équilibre.

La finale est très longue, elle vous restera en bouche des heures durant (à la manière d’un bon jamaïcain ou Caroni) fruitée, cacaotée, du tabac blond et une touche noix sur les deux versions. Le 11ans a une pointe iodée supplémentaire.

Savanna Lontan Verre

En conclusion, les deux versions bien que différentes, restent dans le même registre. Pour ma part, difficile de définir un préféré, le 12ans a un nez plus parfumé mais le 11ans a une finale avec une pointe iodée qui me plait bien. Quoi qu’il en soit, il faut vraiment prendre le temps d’une longue aération afin qu’ils se structurent et qu’ils dévoilent tout leur potentiel.